Je viens de relire avec
infiniment de plaisir ce conte de Christiane Laborde. Toutes ses descriptions y
sont des touches légères empreintes de poésie. J’ai beaucoup aimé son écriture.
Après ma première lecture, je n’ai pas su mettre en mots l’émotion suscitée par
ce conte.
Conte pour enfants ??? Conte
pour les grands aussi assurément.
Alana est une fillette attentive
à la nature, aux animaux et aux êtres qui lui sont proches, mais murée dans un
silence dont il ne lui a pas été possible de sortir. Ses parents sont
désemparés, ils ont tout essayé, mais rien n’y fait. À dix ans, Alana n’a pas
prononcé un seul son. Elle communique cependant, avec la nature qui l’entoure,
avec ses parents au travers de ses dessins et de ses écrits. Il n’y a que les
sons qui posent problème. Elle se qualifie elle-même : « Je suis un
rayon de soleil », et c’est vrai, on le sent à chaque ligne de ce conte
qui, une fois commencé, est impossible à abandonner.
Dans son monde protégé, elle est
amie avec un goéland et ils partagent de longs moments d’intimité sur la plage
à la tombée du jour. Attentive à tout ce qui vit, un petit être atypique a
échappé à sa perspicacité : une musaraigne.
La musaraigne qui vit dans le
jardin est, elle aussi, un peu « différente ». Elle est passionnée
par les mots qu’elle entend, qui la fascinent et qu’elle arrive à prononcer
dans sa langue de musaraigne. Elle en use et en abuse avec les plantes, les
fleurs et les autres petits êtres du jardin. Avec plus ou moins de succès d’ailleurs.
Elle est tellement amoureuse des mots qu’elle a une idée un peu folle. Pour
être sûre de ne pas les voir se perdre, elle les a attachés et s’en ait tressé
un collier qu’elle traine partout.
Un soir sur la plage, alors que
le goéland et Alana partagent ce moment magique où se lèvent les étoiles, la
musaraigne s’approche d’eux. Le goéland pour une fois l’ignore et ne cherche
pas à la croquer. Alana est le premier humain silencieux qu’elle rencontre. Elle
effleure la main d’Alana qui ne l’avait pas vue. Cette dernière, la voyant empêtrée
dans un brin d’herbe, la débarrasse de son collier de mots qu’elle entoure machinalement
autour de son poignet…
De ce partage des mots, le miracle
attendu se produit et, comme la musaraigne, le premier mot que va prononcer
Alana sera pour ses parents : « Bonjour »…
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