vendredi 12 février 2016

"Alana et la musaraigne" de Christiane Laborde


Je viens de relire avec infiniment de plaisir ce conte de Christiane Laborde. Toutes ses descriptions y sont des touches légères empreintes de poésie. J’ai beaucoup aimé son écriture. Après ma première lecture, je n’ai pas su mettre en mots l’émotion suscitée par ce conte.
Conte pour enfants ??? Conte pour les grands aussi assurément.
Alana est une fillette attentive à la nature, aux animaux et aux êtres qui lui sont proches, mais murée dans un silence dont il ne lui a pas été possible de sortir. Ses parents sont désemparés, ils ont tout essayé, mais rien n’y fait. À dix ans, Alana n’a pas prononcé un seul son. Elle communique cependant, avec la nature qui l’entoure, avec ses parents au travers de ses dessins et de ses écrits. Il n’y a que les sons qui posent problème. Elle se qualifie elle-même : « Je suis un rayon de soleil », et c’est vrai, on le sent à chaque ligne de ce conte qui, une fois commencé, est impossible à abandonner.
Dans son monde protégé, elle est amie avec un goéland et ils partagent de longs moments d’intimité sur la plage à la tombée du jour. Attentive à tout ce qui vit, un petit être atypique a échappé à sa perspicacité : une musaraigne.
La musaraigne qui vit dans le jardin est, elle aussi, un peu « différente ». Elle est passionnée par les mots qu’elle entend, qui la fascinent et qu’elle arrive à prononcer dans sa langue de musaraigne. Elle en use et en abuse avec les plantes, les fleurs et les autres petits êtres du jardin. Avec plus ou moins de succès d’ailleurs. Elle est tellement amoureuse des mots qu’elle a une idée un peu folle. Pour être sûre de ne pas les voir se perdre, elle les a attachés et s’en ait tressé un collier qu’elle traine partout.
Un soir sur la plage, alors que le goéland et Alana partagent ce moment magique où se lèvent les étoiles, la musaraigne s’approche d’eux. Le goéland pour une fois l’ignore et ne cherche pas à la croquer. Alana est le premier humain silencieux qu’elle rencontre. Elle effleure la main d’Alana qui ne l’avait pas vue. Cette dernière, la voyant empêtrée dans un brin d’herbe, la débarrasse de son collier de mots qu’elle entoure machinalement autour de son poignet…

De ce partage des mots, le miracle attendu se produit et, comme la musaraigne, le premier mot que va prononcer Alana sera pour ses parents : « Bonjour »…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire